SON HISTOIRE
À vingt-huit ans, Matthew Linström évoluait dans les marges d’un monde qu’il n’avait jamais vraiment voulu intégrer. Technicien lumière sur des tournages indépendants, il traçait sa route loin des projecteurs, préférant sculpter l’ombre plutôt que s’y abandonner. Son nom, longtemps lié à une famille respectable de Stockholm — Linström & Partners, une maison de gestion d’actifs vieille de trois générations — ne signifiait plus rien, sinon un rappel lointain de ce qu’il avait fui.Il n’était pas parti du jour au lendemain, mais presque. L’accumulation de silences, de regards coupants, de remarques déguisées avait lentement rongé la place qu’il occupait au sein de cette famille trop bien rangée.
Ce n’était pas seulement sa façon de se tenir à table, ou sa dégaine — toujours un peu négligée, volontairement déplacée — qui posait problème. C’était son regard, surtout. Ce refus constant d’adhérer.
Il ne faisait pas semblant. Pas comme sa sœur, qui souriait parfaitement aux dîners officiels, ni comme sa mère, qui habillait chaque critique d’un soupçon de bienveillance. Matthew, lui, posait les yeux là où il ne fallait pas. Et quand il parlait, c’était pour déranger ce qui devait rester lisse.Il avait commencé à sortir en cachette à quinze ans. Des clubs un peu crasseux en banlieue, où l’alcool coulait trop vite et les corps se cherchaient sans trop de honte. Il s’y sentait libre. C’était là qu’il avait compris que sa peau lui appartenait, que son désir ne rentrerait jamais dans les couloirs glacés de la maison familiale.
Mais quand ses virées nocturnes commencèrent à se savoir — photos volées, rumeurs étouffées, une main masculine trop familière sur une épaule —, le vernis commença à craquer.Et puis il y eut la chambre. L’erreur. Ou peut-être l’acte de trop.Il avait dix-huit ans. Un été moite à Stockholm, des nuits qui s’étiraient, lourdes de possibles. Il avait rencontré ce garçon dans un bar — rien d’exceptionnel, mais quelque chose dans son regard l’avait retenu. Ils avaient marché longtemps après la fermeture, ri sans retenue, partagé une cigarette sur un banc qui donnait sur l’eau. Ce soir-là , l’avait fait entrer chez lui. Il savait que ses parents étaient sortis pour une réception tardive ; il avait vérifié deux fois. Ils étaient montés discrètement, les chaussures à la main, le souffle retenu.Ils n’avaient pas fait l’amour. Juste s’embrasser. Se découvrir, maladroitement. Un moment suspendu, timide, presque fragile.Mais la porte s’était ouverte.Sans frapper, comme toujours.
La lumière du couloir avait déchiré l’intimité de la chambre.
Son père, le visage tendu, la mâchoire serrée. Sa mère, quelques pas derrière, figée, les bras croisés contre sa poitrine comme pour se protéger de ce qu’elle voyait.Il n’y eut pas de cris. Juste ce silence — celui, tranchant, qui précède la cassure.Le garçon s’était rhabillé en vitesse. Matthew était resté là , immobile, torse nu, le cœur cognant contre ses côtes.> « Tu veux vivre comme ça ? Très bien. Mais ce ne sera pas sous ce toit. »
La phrase tomba comme un couperet. Son père laissa la porte ouverte en repartant, volontairement. Comme pour dire : il n’y a plus rien à cacher, plus rien à protéger.Le lendemain matin, ses affaires étaient prêtes. Une valise jetée à moitié sur le lit, des billets posés à côté, comme une transaction. Une dernière marque de contrôle.Depuis, il vivait entre les ombres et les éclairages artificiels des plateaux. Il connaissait le langage des couleurs, savait comment adoucir un visage avec un projecteur ou noyer une scène dans une obscurité tremblante. Il avait trouvé dans la lumière une manière d’exister sans s’exposer.Noa était de ceux qu’on remarque sans comprendre pourquoi. Il parlait peu de lui-même, et son rire, discret, sonnait toujours un peu fatigué.
Il n’était pas froid — il était fuyant. L’attachement le dérangeait plus qu’il ne le rassurait. Chaque lien qu’on tentait de tisser autour de lui finissait par se délier sous son propre poids. Il disait ne pas vouloir de relation. Que c’était surfait, chronophage, inutile.
Mais la vérité, c’est qu’il avait trop peur qu’on parte encore.
Alors il préférait errer. Une nuit ici, un regard ailleurs, des corps qui se croisent sans se retenir. Il était doux, pourtant, dans l’intimité. Tendre parfois, presque inquiet. Mais il ne laissait jamais vraiment entrer. Il posait des murs là où les autres offraient des clés.Le soir, quand il rentrait chez lui — un petit deux-pièces un peu chaotique au fond d’une ruelle — il aimait s’asseoir par terre, dos contre le mur, une cigarette entre les doigts, et regarder les halos des lampadaires filtrer à travers les stores. Il ne pensait à rien. Ou peut-être à trop de choses.Il avait cessé d’attendre une réconciliation. Il ne haïssait pas ses parents. Il n’en avait plus la force. Il avait seulement appris à vivre sans eux. À être celui qu’ils avaient refusé de voir.Et parfois, quand l’odeur d’un parfum, ou une voix dans la foule lui rappelait Stockholm, il fermait les yeux. Pas pour s’y replonger. Juste pour s’assurer qu’il s’en était vraiment extrait.
FACTS ABOUT HIM
Il n’aime pas qu’on l’appelle Matthew en entier. Ça sonne trop net, trop froid. Trop comme son père quand il était en colère. En général, il se contente de “Matt” |
Il fume sans jamais vraiment s’en vanter. Une habitude prise tôt, pas pour faire le malin — juste pour ralentir un peu le monde. |
Il parle peu de sa famille. Quand on insiste, il élude. Mais ses silences en disent souvent long. |
Il s’endort rarement avant 3h du matin. Pas vraiment insomniaque, juste trop d’images dans la tête. |
Il ne s’attache pas facilement, mais quand il le fait, c’est discret, profond, presque invisible. Et souvent douloureux. |
Ancienne relation ambiguë !
Statut : lien libre
Personnage : Homme
Âge : 26 ou plus❝ On n’a jamais vraiment mis de mot sur ce que c’était — et peut-être que c’est ça, le problème. ❞Ils se sont tournés autour longtemps. Parfois trop près, parfois trop loin. Il y a eu des nuits floues, des gestes retenus, des regards qui en disaient trop. Peut-être que c’était de l’amour. Peut-être que c’était juste de la peur d’être seul.e. Noa n’en parle jamais vraiment, mais il y pense encore, parfois, quand il entend un morceau qui passait à l’époque ou qu’il croise quelqu’un qui lui ressemble de loin.
Le lien n’est pas coupé. Il flotte. Il dérange un peu. Et c’est ça qui le rend vivant.
Meilleur.e ami.e !
Statut : lien libre
Personnage : Homme, femme, non genré
Âge : 25 ou plusIel est l’un.e des rares à avoir vu Matthew avant la chute, avant le départ précipité, avant les silences. Quelqu’un qui l’a connu ado, dans ses années troubles, entre les sorties en douce et les crises de nerfs rentrées. Leur lien est solide, tissé de souvenirs, de complicité muette, d’un langage à part.
Peut-être qu’iels se sont perdus de vue un temps. Peut-être que c’est un retour récent. Mais ce qui les lie n’a jamais vraiment disparu.
Colocataire !
Statut : lien libre
Personnage : Homme, femme, non genré
Âge : 26 ou plusIls partagent le même appart. Pas par choix affectif, juste parce que ça arrangeait les deux. Pourtant, avec le temps, une forme de routine étrange s’est installée. Un silence partagé dans la cuisine, des cigarettes volées, une couverture laissée sur le canapé après une nuit difficile.
Il y a parfois des frictions — Matthew peut être distant, bordélique, un peu trop dans sa bulle. Mais il y a aussi cette tendresse discrète qui naît des petits gestes anodins. Une sorte de proximité qu’aucun des deux n’a vraiment prévue.
Autre liens !
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